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A propos du elearning
La formation en ligne, terme recommandé en France par la DGLFLF, ou encore l’apprentissage en ligne (au Canada), l’e-formation ou l’e-learning, désignent l’ensemble des solutions et moyens permettant l’apprentissage par des moyens électroniques. La formation en ligne inclut de cette façon des sites web éducatifs, la téléformation, l’enseignement télématique, ou encore l’e-training, notamment. La formation en ligne est une des technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE), intégrée dans la cyberculture2. C’est aussi un des éléments et enjeux de ce que certains, comme M. Toupin, désignent comme le « cybermarché de la formation »3, marché évalué selon la commission européenne à plus de deux milliards de dollars en 20004. Près de 80 % des ressources en ligne viennent aujourd’hui des États-Unis5, pour les logiciels, de produits et services multimédias éducatifs destinés à la formation et à l’éducation mais une part importante de ces services se construit hors des services marchands (dans les campus virtuels, les espaces virtuels européens du programme Socrates (Comenius, Erasmus, Minerva, Lingua, Grundtvig), ou par exemple via Moodle ou les outils de la Wikimedia Foundation et beaucoup d’autres initiatives dans le monde).
La définition de l’Union européenneest : « l’e-learning est l’utilisation des nouvelles technologies multimédias de l’Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant d’une part l’accès à des ressources et à des services, d’autre part les échanges et la collaboration à distance7 ».
La définition du LabSET est : « apprentissage en ligne centré sur le développement de compétences par l’apprenant et structuré par les interactions avec le tuteur et les pairs ».
Dans tous les cas, la méthode de formation/d’éducation permet théoriquement de s’affranchir de la présence physique d’un enseignant à proximité. En revanche, le rôle du tuteur distant apparaît, avec des activités de facilitateur et de médiateur. Dans le cadre d’un tutorat omniprésent, on parle alors de formation téléprésentielle.
Terminologie elearning
Dans le monde anglophone
En anglais, l’expression e-learning, largement diffusée dans les années 1990, associe sémantiquement plusieurs notions :
l’Open and Distance Learning(ODL) qui qualifie sa dimension ouverte, et qui vient du monde de la formation à distance ;
la notion de Computer-Mediated Communication(CMC), qui fait référence aux nouvelles technologies de communication (TIC) (au moment de l’invention et de la diffusion de cette expression, il s’agissait d’abord des courriels, puis de forums et groupwares) ;
ces deux concepts sont appliqués à la formation Web-Based Training(WBT).
L’expression e-learning désigne ainsi à la fois des technologies nées de l’Internet pour la formation, Distributed Learning et une approche pédagogique les utilisant, de type constructiviste et s’appuyant sur une Cognition Distribuée (Grabinger et al., 2001).
L’apprentissage en ligne est une modalité pédagogique et technologique qui a d’abord concerné la formation continue, l’enseignement supérieur puis la formation en entreprise, c’est-à-dire au service d’un apprenant adulte ayant une certaine autonomie dans l’organisation de son processus d’apprentissage. Cependant, aux États-Unis notamment, dans des textes officiels le e-Learning a été élargi (Enhanced-Learning through Information Technologies) à un service offert à tout public, de la maternelle à la formation continue, incluant les didacticiels, CD-Rom, hypermédias, tuteur intelligent…(US DoE, 2000). Dans ce pays, des mesures de réduction des coûts d’accès à l’internet (dont haut-débit) pour les centres d’éducation et de formation ont contribué au succès de ce concept6.
Le vocable e-Learning évoque donc une synergie nouvelle entre des pratiques pédagogiques et des technologies éducatives existantes ; synergie permise par l’explosion de la Toile (2000/2001) et de son potentiel d’« ubiquité ».
Il semble cependant, comme pour les évolutions récentes des organisations, que l’e-learning tel qu’il évolue possède maintenant des caractéristiques émergentes (organisation et gestion de la connaissance, approches collaboratives) qui le rendent différent des outils pédagogiques antérieurs.
Dans les pays francophones
Plusieurs termes francophones traduisent e-learning. La traduction la plus fidèle serait apprentissage en ligne, considéré comme une spécialisation de la formation à distance, concept plus général incluant entre autres les cours par correspondance, et tout autre moyen d’enseignement en temps et lieu asynchrone.
Le « e » comme dans e-Learning est une référence explicite aux technologies de l’information et de la communication.
L’ apprentissage mixte conjugue les notions d’apprentissage en ligne et d’apprentissage hors ligne. Cette notion regroupe les méthodes d’acquisition d’un savoir ou de construction de connaissance utilisant des interactions (acteur-acteur ou acteurs-ressources) relayées par un système télématique (électronique, informatique connecté à un réseau). L’apprentissage électronique peut avoir lieu à distance (« en ligne »), en classe (« hors ligne » et/ou en ligne) ou les deux.
Typologies de l’apprentissage en ligne
Différentes typologies cohabitent, principalement selon deux axes:
L’axe formateur – apprenant. Quand le professeur (formateur, personne ressource, coache..) est physiquement proche de ses étudiants, on parle de formation en « présentiel ». S’il n’est pas en contact direct avec l’apprenant, on parlera de « formation à distance » ou de « formation distancielle ».
L’axe du temps de la communication. Si la communication est directe, immédiate, on parle d’outil « synchrone » (par exemple pour un professeur face à ses étudiants, une séance de chatou une visioconférence. Au contraire, si un délai existe entre une question et sa réponse, le système est dit « asynchrone » (Le forum, le courrier électronique sont des outils de communication asynchrone).
100 % apprentissage en ligne :dans cette typologie de formation, l’apprenant va suivre sa session d’apprentissage en ligne entièrement à distance. Il n’interagira pas directement en vis-à-vis avec le ou les formateurs. Il pourra néanmoins bénéficier de tutorat à distance via des outils de type webconferencing, forum, tchat, téléphone, courriel.
Technique combinée :un mode d’apprentissage mixte (Blended Learning en anglais) combine le e-learning à un apprentissage classique (alors dit « présentiel »).
L’apprenant alterne des sessions à distance en ligne, en face-à-face avec le (ou les) formateur(s). Souvent il prépare (seul ou en groupe) une introduction au sujet, avec des ressources distantes. Puis, en présence d’un enseignant son travail est analysé et discuté, corrigé et orienté afin de le faire progresser. Des débriefingset reformulation périodiques permettent de vérifier qu’ils se comprennent bien.
Une autre approche, dite en « overblended learning» combine ces deux ou trois phases dans d’une même séance de formation, en présence d’un formateur, ou en mode distant (via visioconférence ou chat par exemple).
Les Wikiset certaines plateformes numériques de travail permettent aux apprenants de coopérer entre eux et avec d’autres (étrangers éventuellement), en structurant leur savoir de manière plus pluridisciplinaire et interdisciplinaire ; tout en étant suivis par les enseignants via l’« historique des contributions » et/ou les « pages de discussion » associées.
Avantages de la formation en ligne
Les avantages souvent cités sont :
accès à un large panel (gratuit ou payant), d’approche formative et de stratégies d’apprentissage ; adaptées aux types de personnalités cognitives (type d’apprentissage) ; L’e-learning utilise notamment les pédagogies actives, la formation participative, la métacognition, l’apprentissage par problèmes, par le jeu, par la résolution de conflits, etc. Certains outils intègrent l’évaluation chemin faisant (évaluation des pré-requis, autoévaluation, évaluation formative, sommative ou certificative, etc.), et produisent des feedbacks automatiques (immédiats ou différés, synthétiques ou complets). De nouveaux outils gratuits tels que Wikiversitépermettent même – à certaines conditions – de collaborativement produire du contenu de formation tout en se formant.
accès facile et peu coûteux au contenu de formation (on se forme à partir de n’importe où, si on a accès à l’Internet37).
flexibilité de la gestion du temps de formation, notamment en situation de télétravail; avec possibilité de revenir en arrière ou du « just-à-temps » quand il faut et au niveau requis37, ce qui permet d’apprendre à son propre rythme37.
accès informel ou formel à des ressources et formation provenant d’experts37, autrefois ou autrement souvent inaccessibles.
contenu et stratégies innovantes pour l’apprentissage, avec métacognitionfacilitée.
possibilité d’exploiter et développer des interactions de qualité.
le contenu et support de formation est hébergé et sécurisé ailleurs37(pas de maintenance de la part de l’apprenant).
moindre coût de la formation (pas systématiquement37notamment dans certaines spécialités).
économies de temps37.
économies de transports (moindre empreinte carbone).
réponse possible au manque de compétences en matière de formation en interne (dans une entreprise)37.
Dans les entreprises : le partage des informations acquises est facilité avec le réseau de la société3
E-Learning 2.0
L’expression E-Learning 2.011,12 est un néologisme désignant les systèmes de CSCL (Computer-supported collaborative learning) nés de l’émergence du Web 2.013,14. Voir aussi (Seely Brown et Adler 2008)15.
Tendances : Avant le Web 2.0, l’informatique était surtout un « lieu de stockage » de données, et un moyen de les médiatiser16,17. Des « paquets de connaissance » étaient ainsi délivrés en classe (dans les universités essentiellement dans un premier temps, dans les années 199018), par disciplines et par « niveaux de formation », avec des didacticiels améliorés19. L’informatique était aussi un moyen d’évaluer et noter le niveau de connaissance de l’élève, par son professeur ou de permettre, via les mails20,21,22 des échanges plus rapide et plus interactifs23, dont en formation continue24 et formation de formateurs (formation des maîtres d’école par exemple25). Ces outils, et notamment les courriels ont rapidement montré des limites éducatives26, notamment en ce qui concerne la déperdition, le temps passé et la surcharge informationnelle27 nécessitant une pédagogie de la gestion des messagerie électronique28, alors que dans le même temps, la puissance des moteurs de recherche augmentait de manière exponentielle l’accès à l’infosphère.
Le Web 2.0 a ensuite permis un changement de paradigme29, avec l’émergence, l’auto-organisation et autogestion de formes et de plus en plus complexes de réseaux de communautés apprenantes. Certaines ont construit leurs propres outils collaboratifs, éventuellement multilingue (comme Wikipédia et ses projets-frères), parfois plus vite et mieux que les entreprises et systèmes éducatifs existants. Les pédagogues utilisant ces outils s’appuient sur l’efficacité d’une connaissance et compréhension coconstruite et socialement construites. Les apprenants (avec ou sans formateurs) participent à l’amélioration continue des savoirs et savoir-faire. Ils les explorent, mais ils peuvent aussi les reclasser, les réorganiser et les traduire en langues étrangère.
L’apprentissage donne alors plus de place aux conversations sur le contenu, le sens et la forme, aux l’interaction à la terre sur les problèmes et les actions, et cherche à produire de la « donnée ouverte », qui pourra à son tour librement être exploitée et améliorée par d’autres.
Les promoteurs de ce que les anglophones appellent l’« apprentissage social » (social learning) estiment que l’un des meilleurs moyens d’apprendre quelque chose, et de bien le comprendre, est de l’enseigner à d’autres15. Ils ont d’abord utilisé les blogs, puis les wikis, le podcast et une large palette d’outils informatiques permettant les interactions entre apprenants, une meilleure valorisation des données archivées et une autre gestion du temps de l’apprentissage et de la production de savoir.
Parmi les premiers « cours en ligne », tels que ceux développés par Murray Turoff et Starr Roxanne Hiltz dans les années 1970 et 80 au Nouveau Jersey Institute of Technology30, des cours à l’Université de Guelph (Canada)31, la British Open University31, et les cours à distance en ligne de l’Université de Colombie-Britannique (où le Web CT, maintenant incorporé dans le Blackboard Inc. a été inventé)32, nombreux étaient ceux qui ont toujours fait un usage intensif de discussion en ligne entre étudiants, si ce n’est avec les formateurs. En outre, dès le début, les praticiens comme Harasim (1995)33 ont mis fortement l’accent sur l’utilisation des réseaux d’apprentissage pour la construction des connaissances, bien avant le terme e-learning, et encore moins d’e-learning 2.0, a même été considéré. Le Web 2.0 a cependant considérablement permis d’élargir les potentialités de l’apprentissage collaboratif, ainsi que d’accroître le nombre des apprenants-sachants connectés.
On assiste aussi à un usage croissant des plates-formes numériques de travail, et des salles de classe virtuelles (présentations en ligne livrées en direct, plus ou moins organisées) utilisées comme plateforme d’apprentissage en ligne par et pour un ensemble diversifié de fournisseurs de services éducatifs tels que (aux États-Unis, parmi les précurseurs) les collèges d’État et université du Minnesota ou le district scolaire de Sachem34,35.
Outre les environnements de classe virtuelle, les réseaux sociaux prennent dans les années 2000 une importance grandissante dans le E-learning 2.036.
Ils ont été testés et parfois encouragés avec des communautés d’apprentissage en ligne autour de sujets aussi divers que la préparation aux examens ou l’enseignement des langues (projet « Linguanet Europa »8). L’apprentissage assisté et mobile des langues (ou Mobile Assisted Language Learning (MALL), pour les anglophones) est l’expression qui désigne l’utilisation d’ordinateurs portables et/ou de téléphones cellulaires pour faciliter l’apprentissage des langues.
Limites et conditions de succès de la formation en ligne
Il existe des limites39 liées aux apprenants et à l’offre en pédagogie. L’e-learning ne vise d’ailleurs pas à remplacer les fonctions de l’école (sociabilisation, lecture, calcul, apprendre à apprendre, etc.) et il pourrait peut-être être parfois source de trop de confiance en soi, dans certains métiers à risque. Faire l’impasse sur certaines formations en pensant que l’information ou un didacticiel est disponible en ligne pose problème en situation de gestion de crise ou d’urgences quand la crise est accompagnée d’une coupure générale d’électricité ou d’accès à l’internet. Même avec l’amélioration des simulateurs distants, apprendre la sculpture, la chirurgie, le massage ou la musique où à piloter une voiture sans la présence d’un apprenant reste difficile ou dangereux ; la formation en ligne permet cependant de préparer et accompagner ces pratiques.
La formation en ligne nécessite :
une bonne motivationde la part de l’apprenant, et une certaine assiduité si la formation est formalisée (le tutorat (ou coaching) réduit sensiblement le risque d’abandon et de décrochage).
que les écoles (ou autres apprenants) aient un accès à l’Internet (l’Europe a pour cela favorisé un réseau transeuropéen à très haut débit6, d’abord pour les communications scientifiques entre instituts de recherche, universités, bibliothèques scientifiques puis – progressivement – vers les écoles.
L’accès à l’internet et à la culture numérique, encore difficile pour une partie de la population dans de nombreux pays.
des ressources multimédiasaccessibles à tous. Même dans les pays riches, une partie de la population n’a pas d’accès à la culture numérique (« minorités, personnes âgées, personnes handicapées, personnes de « bas niveaux de qualification »40). La langue est également un problème, alors que l’essentiel des ressources est en anglais, une formation est généralement mieux acquise dans la langue maternelle ou la plus familière de l’apprenant.
des enseignants ou encadrants formés et en nombre suffisant. En l’absence de e-learning centers, ou en complémentarité, les cybercentres, cyberplate-formeet certains cybercafés peuvent contribuer à cet objectif, de même que la mutualisation des moyens, salles informatiques notamment. La Commission européenne propose ainsi « que les écoles et centres de formation deviennent des centres locaux d’acquisition des connaissances polyvalents et accessibles à tous, en ayant recours aux méthodes les plus adaptées en fonction de la grande diversité des groupes cibles »40, avec création d’un « diplôme européen pour les compétences de base en technologies de l’information, avec des procédures de délivrance décentralisées »40.
Le renforcement des services d’orientation professionnelle(CIO en France), selon la commission européenne41, pour répondre à de nouveaux besoins, plus complexes.
La « promotion de l’employabilité par le développement des qualificationset des compétences associées à la mise en place et à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, augmentation du potentiel de l’éducation et de la formation tout au long de la vie »8.
La « stimulation de l’épanouissement personnel et la motivation des ‘apprenants’ par l’amélioration de la qualité des matériaux multimédiaset la pertinence des technologies pour créer des synergies entre travail autonome et travail en groupe, le dialogue avec l’enseignant ou le formateur et tutorat à distance… »8.
Les grandes entreprises ont plus d’accès à ces outils que leurs sous-traitants. Certaines entreprises ou écoles ont offert en ligne une partie de leur contenu de formation interne ou « bibliothèque d’apprentissage » (Belgacompar exemple42), ce qui leur permet de mieux faire partager leur culture interne.
Dans le cas des PME, « Créer une culture d’apprentissage au sein de l’entreprise »42, adaptée aux besoins de l’entreprise, qui doivent donc être correctement appréhendés. Alors que l’internet étend les possibilités, une part importante de cet apprentissage sera « informelle »42.
Un débat existe sur la question de savoir si l’école doit ou non « rattraper » la tendance générale au réseautage social. Sans nier son importance, il peut aussi être pour l’élève et le cours, une source de dispersion, un frein à la concentration sur un sujet, importance du travail individuel43. Peu d’éducateurs traditionnels favorisent le réseautage social, hormis pour communiquer avec leurs propres collègues44, mais de nombreuses expérimentations existent et des supports comme Wikipédia ont émergé spontanément sans portage direct des communautés éducatives établies.